Parmi une centaine d'artistes sélectionnés chaque année, Mentor est invité à exposer au Salon des Peintres témoins de leur temps, de 1954 à 1982 (sauf en 1958), deux fois en 1969 avec une édition supplémentaire pour la célébration des vingt ans de la fondation de l'association des Peintres témoins de leur temps.

Pour Mentor, cette participation est déterminante et, dès 1954, lui permet de se faire remarquer par la critique, les galeristes et par les amateurs ; elle donnera à son travail pictural un élan caractéristique et à sa carrière artistique un développement important.

Mentor, l'un des participants les plus actifs de l'organisation des Peintres témoins de leur temps, obtient en 1966, la consécration du Grand Prix du Salon et, jusqu'à la dernière édition de celui-ci, même lorsque ce Salon perdra de sa pertinence, y restera fidèle :
« Je parle des Peintres Témoins de leur Temps avec émotion. Ce Salon a duré trente-deux ans. Mon ami Kischka, le créateur meurt en 1973. Le Salon perd son timonier : la grande aventure du départ est terminée. La disparition du Salon quelques années après est discrète comme un murmure ou le sable de la mer recouvrant le bateau échoué après des voyages insensés. Je fais partie de cet ensemble de peintres, ou quelques-uns étaient pour moi des dieux, et quand en 1966, au musée Galliera, on me donne le Grand Prix, je suis fier de cet honneur.
(…) Je dois à ce Salon beaucoup de choses, et la première : à ne pas m'être trouvé seul à vouloir mettre un nez à la place du nez. Ici j'ai appris qu'on pouvait mettre le nez à sa place. Ici j'ai été fier d'être accroché à côté de certains. Ici, à côté de noms sonores, j'ai été fier de ne pas être ridicule. Ici en somme j'ai grandi. »*

* MENTOR, édition Le Léopard d'Or, Paris 1993

Isabelle ROLLIN-ROYER

Les Peintres témoins de leur temps, 1961 (Zendel, Hambourg, Kischka, Mentor...) Ph. Lucien Petit-Jean