Milan, présentation


En 1993, ouvre au public le nouveau parking de la Place Jules-Vernes à Marseille, qui jouxte, face au Vieux-Port, l'Hôtel de Ville de Marseille.

Situé sur l'une des rives du vieux port de la ville, sa réalisation représente à l'époque une prouesse technique, ouvrage délicat exécuté 12m50 sous le niveau de la mer et à proximité d'immeubles habités et dont certains, comme la Maison Diamantée, sont classés. Le prix global de l'ouvrage représente 60MF.

Le groupe Gagneraud, dont le centre régional est basé à Marseille, qui intervient dans le domaine des Travaux publics, du Bâtiment et du Génie civil, a déjà à son actif la construction de l'Hôtel Sofitel Vieux-Port, le Parking Estienne d'Orves sur l'autre rive du port de la ville, le métro du Prado, la station du métro du boulevard Baille…

C'est à Mentor que le directeur du groupe fait appel pour « la décoration » des cinq niveaux du parking. Compte tenu de la spécificité de l'ouvrage, l'œuvre doit être réalisée sur canevas et destinée à être reproduite en carreaux faïencés de 20 x 20 cm. L'artiste accepte et, après les imposantes peintures murales de La Courneuve (600 m²) et de Milan (250 m²), la réponse de Mentor à ce nouveau défi montre une fois encore que la monumentalité ne lui fait pas peur, mais bien au contraire, stimule son pouvoir de création et particulièrement ici, où l'art appliqué à une structure urbaine à l'usage du public l'intéresse au plus haut point. Il déclare :

« L'art est le langage d'une société, c'est l'excès de vanité et d'orgueil qui font que l'art reste l'affaire d'une élite et ne pénètre pas la société. »

Avec la contrainte du recours exclusif aux carrelage de faïence, Mentor choisit le parti de grandes compositions géométriques avec de longues frises dont la couleur détermine chacun des cinq niveaux du parking souterrain et qui rappellent celles des mosaïques, des fresques ou des céramiques de civilisations anciennes ; également, de grandes silhouettes chevalines qui accueillent, non sans humour, le stationnement des automobiles. Cependant, cette rigueur ne déjoue jamais les qualités particulières de l'art de Mentor, ces grandes silhouettes équines, géométriques et polychromes sont les héritières (mises aux carreaux) des chevaux baroques du Carnaval ou du Cirque, aussi de la Tauromachie, sujets que Mentor l'Espagnol, depuis toujours, affectionnent tant.

Isabelle ROLLIN-ROYER