Peintres témoins

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• Peintures Mentor
Grand Prix 1966
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Courneuve, présentation


L'analyse méthodique du Salon des Peintres témoins de leur temps, qui se tient à Paris de 1951 à 1982, d'abord au musée national d'Art moderne, au Palais Galliera puis au musée du Luxembourg, a fait l'objet d'une thèse universitaire1 soutenue en juin 1998 à l'Université de la Sorbonne. Parmi les nombreux artistes invités à exposer chaque année et durant plusieurs décennies, ce travail réserve une place conséquente au peintre Mentor.

L'exemple du peintre Mentor est intéressant parce qu'il personnifie parfaitement l'esprit "témoin de son temps". À partir de 1954, chacune de ses participations au Salon propose une traduction personnelle de cette volonté de rendre compte de son époque à travers la représentation des actions, des peines et des bonheurs de ses contemporains. Héritier de l'École de Paris, il déclare aimer peindre l'homme et le prouve dans chacun de ses envois au Salon.
Parmi une centaine d'artistes sélectionnés, Mentor est invité à exposer pour chaque Salon, à partir de 1954 et même deux fois en 1969, avec une édition supplémentaire pour la célébration des vingt ans de la fondation de l'association des Peintres témoins de leur temps. Ainsi, de 1954 à 1982 (sauf en 1958), Mentor répondra-t-il chaque année à l'invitation par une œuvre originale. En 1966, il obtient la consécration du Grand Prix du Salon et jusqu'à sa dernière édition, même lorsque le Salon des Peintres témoins de leur temps perdra de sa pertinence, Mentor y restera fidèle.

Comme l'attestent certains comptes-rendus, Mentor est toujours très actif lors des réunions préparatoires des expositions, en particulier au sujet du choix du thème. Lorsqu'il le peut, lorsque le thème imposé lui en donne l'opportunité, Mentor se livre à la dénonciation d'exactions infligées à la dignité humaine : Espagne 39 pour le thème "L'événement", Bombardement au Vietnam pour le thème "L'année 1967". Si, souvent, Mentor se montre critique, s'il reste vigilant, il n'en est pas moins confiant et optimiste quant aux ressources de la nature humaine et quant à sa capacité au bonheur : Le Bal dans le quartier, Le Couple, La Fête à Solliés-Toucas...

Même lorsque Mentor peint un paysage dans lequel la présence humaine n'est pas visible, l'homme est toujours présent. La matière et la couleur riches et sensuelles de sa palette témoignent, elles aussi, de cette incarnation. Charpentée dans des compositions solides, la forme parfois lascive, parfois vigoureuse reste toujours généreuse et semblent s'épanouir sur la totalité de la surface du support. Les envois de Mentor au Salon des Peintres Témoins sont très tôt soutenus par des critiques d'art comme George Besson, Raymond Charmet, Jean Rollin.

Isabelle ROLLIN-ROYER
1Isabelle Rollin-Royer, Le Salon des Peintres témoins de leur temps, 1951-1968, Thèse de doctorat, Histoire de l'art (Art et archéologie), soutenue en 1998, sous la direction de José Vovelle - Université Paris I Panthéon-Sorbonne