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Études sur carton, conservées à Solliès-Toucas.
Études préparatoires, huile sur papier kraft, 2,65m, conservées à Solliès-Toucas.
Maquette, huile sur carton, 1/10e, conservée à Solliès-Toucas.
Dans le livre que les éditions Cercle d’art consacrent en 1969 à La Conquête du bonheur de Mentor, l’auteur1 du texte écrit : « Peu d’artistes contemporains ont eu la chance, comme Mentor à La Courneuve, de recevoir la commande d’une grande œuvre publique. »
Durant trois mois, Mentor travaille sans relâche à la conception de cet ouvrage : esquisses, croquis, études vont se succéder. Il s’agit pour l’artiste, à partir d’un thème donné, d’imaginer un ensemble de figures, de les harmoniser et de proposer une composition cohérente qui échappe à la simple narration et à l’anecdote. Le défit pour Mentor est de répondre à la demande par une œuvre gigantesque dont la portée tendra à l’universalité. Car la difficulté réside bien ici, avant tout, dans les dimensions extraordinaires de la commande : 400 m2 (murs, plafonds, rideau de scène).
Il n’est alors pas question, par une succession d’images, de simplement relater les tentatives humaines pour satisfaire à d’immédiats plaisirs, mais plutôt de donner à voir une idée ; permettre par des moyens plastiques de saisir une quête ontologique et essentielle : des formes, des couleurs, des matières capables de restituer et de transcrire la quête du bonheur. Cette quête est une tension, elle est active, il s’agit d’une lutte, d’une véritable conquête, de la conquête de l’homme en même temps que de son histoire pour accéder à la félicité et à la plénitude : La Conquête du bonheur.
Pendant que Mentor travaille à la conception de l’œuvre, des spécialistes préparent les murs et les marouflent.
Après les esquisses et croquis, qui sont comme les brouillons des différentes parties de la décoration, Mentor réalise une maquette en carton, à l’échelle de 1/10. Les portes, les fenêtres, la scène et même les radiateurs sont pris en compte. Le dispositif permet à l’artiste de visualiser à l’avance l’ensemble de la composition, car il faut se souvenir que cette oeuvre peinte (du sol au plafond, avec le plafond compris) est monumentale. Par sa grandeur et l’articulation des différents panneaux peints, elle devra offrir au visiteur une sensation d’immersion. Il ne sera pas seulement « devant » la peinture, mais véritablement « dans » la peinture. La surface peinte sera tout autour et même au-dessus de lui, donnant l’impression étrange de l’expérience d’un littéral « enveloppement ».
Participant de ce cheminement préliminaire, Mentor réalise à mi-hauteur (2,65 mètres) de la composition finale, de grandes études préparatoires à l’huile sur d’immenses feuilles de papier kraft. Elles lui serviront sur place au moment de l’exécution finale. D’autres études, celles des grandes natures mortes envisagées pour les panneaux situés entre les fenêtres de la salle, sont peintes sur toiles.
Dans un souci de mise en harmonie de l’ensemble de la décoration, Mentor a plastiquement intégré les plinthes, les linteaux et poutrelles imposés par l’architecture du bâtiment en peignant ces éléments d’un trompe-l’œil de faux marbre sombre.
Nous suivons le cheminement de l’artiste à travers les divers travaux préparatoires et revivons la genèse et la conception de l’œuvre, en parcourant son évolution tout en en mesurant les écarts. Nous remarquons, par exemple que la grande figure solaire initialement envisagée à droite de la porte d’entrée principale a finalement été remplacée par un imposant et éclatant bouquet de fleurs.
Aujourd’hui, le recul du temps passé et la mise en relation des travaux préparatoires,conservés à Solliès-Toucas et pour la plupart inédits (esquisses, croquis, études, maquette) avec l’œuvre aboutie, nous donnent à mesurer la complexité et la richesse de cet ensemble exceptionnel. S’il est vrai que Mentor a eu la chance d’accéder à une commande officielle d’une telle envergure, force est de constater que dans le champs artistique de la seconde moitié du XXe siècle, rares sont les artistes capables de répondre avec une telle maîtrise à ce défit magistralement relevé ici par la réalisation à La Courneuve de la peinture murale La Conquête du bonheur.
Dernière mise à jour de la page le
21/11/23
© Univers MENTOR
Isabelle ROLLIN-ROYER & Jean-François CORNUET